Debandade en Afghanistan

Le retour en force des talibans depuis plusieurs mois et leur contraignent les puissances occidentales à évacuer d’Afghanistan leurs ressortissants, ainsi que les hommes et les femmes qui les ont accompagnés depuis 20 ans.
L’opération américaine en cours est marquée par un manque d’anticipation certain et rappelle l’évacuation en catastrophe de Saigon à la toute fin de la guerre du Vietnam en 1975. Des scènes issues des deux événements ont été mises en parallèle : gens en panique. Des images d’enfants afghans confiés par des adultes à des militaires américains renvoient au « Babylift » qui, en avril 1975, évacua du Vietnam plus de 2 000 enfants. Se Akò Lapè Pari yo ki te siyen armistis la. Tout belijeran yo rankontre sou 27 Janvye 1973 epi dakò pou mete fen nan lagè devaste ki long sa a.
Se vre ke de epizòd yo kesyone eleman esansyèl nan relasyon Etazini ak mond lan. : yo (im)pouvwa relatif, pozisyon yo vis-à-vis peyi kote yo te goumen pandan 20 ans, responsablite yo anvè popilasyon endijèn yo, yo (in)abilite pou kanpe wo de sa ki parèt echèk. Nan fen lagè ki pi long nan istwa yo - de deseni -, et après avoir enrôlé dans leur croisade pas moins de trente-huit pays sous le commandement de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), les États-Unis se retirent sur un fiasco absolu. Fort symboliquement, leurs troupes partent dans un sauve-qui-peut général, à l’approche du vingtième anniversaire des attentats du World Trade Center et du Pentagone, qui furent le prétexte à leur entrée dans Kaboul.
Pourtant, cette « bonne guerre », selon M. Bush (2001), cette guerre « juste », selon M. Obama (2011), menée contre « l’obscurantisme et la terreur », selon M. Nicolas Sarkozy (2008), en un mot « notre guerre », selon le chœur français des redresseurs de torts permanents, tels Bernard-Henri Lévy, Pascal Perrineau, Stéphane Courtois ak kèk lòt, se te pwoteje mond lan kont atak ak libere Afgan yo soti nan barbaris.
Lèzetazini te kòmanse bay èd militè pou mujahideen afgan yo nan kòmansman mwa Jiyè 1979, prèske sis mwa anvan antre nan tank Sovyetik nan Kaboul. Ansyen direktè CIA (1990-1993) Robert Gates pral rekonèt li nan premye liv li pibliye nan 1997, et Zbigniew Brzezinski, konseye Prezidan Demokratik Jimmy Carter pandan kriz Afgan an, pral konfime sa yon ane pita nan yon entèvyou bay Nouvo Obsèvatè : "Se vre wi 3 Jiyè 1979 (ke Carter) a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime pro-soviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques. »
Zbigniew Brzezinski effectue alors une tournée promotionnelle de son maître ouvrage, le Grand échiquier, publié en France par Hachette, dans lequel il assume franchement le soutien américain aux fondamentalistes musulmans afghans, ancêtres du mouvement taliban. « Regretter quoi ? » répond-il au Nouvo Obsèvatè : « Cette opération secrète était une excellente idée. Li te gen efè nan atire Larisi yo nan pèlen Afgan an epi ou vle m 'regrèt sa ? An reyalite, Moskou te oblije mennen yon lagè ensipòtab pou prèske dis ane pou rejim nan, yon konfli ki te mennen nan demoralizasyon ak finalman kraze nan anpi Sovyetik la". Apre sa, li ajoute : "Ki sa ki pi enpòtan nan istwa lemonn? ? Taliban yo oswa tonbe nan anpi Sovyetik la ? Gen kèk Islamis eksite oswa liberasyon an nan Ewòp Santral ak nan fen Lagè Fwad la ? »
Kèk mwa avan, la 27 septanm 1996, Taliban yo te antre nan Kaboul viktorye. Les moudjahidines soutenus jusqu’au retrait soviétique par la CIA sortent eux-mêmes d’une épouvantable guerre civile qui a détruit la capitale afghane. Les factions islamistes se sont déchirées entre les Tadjiks du commandant Massoud (Jamiat-e Islami), le chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar, proche des Frères musulmans, et les talibans issus de l’ethnie pachtoune, qui sont toujours appuyés par l’ISI (Inter-Services Intelligence), les redoutables services secrets pakistanais. Mais depuis la dislocation de l’Union soviétique, l’Afghanistan n’intéresse plus guère ni la presse occidentale ni les intellectuels organiques de l’empire états-unien.
Quelques reportages glorifient certes la résistance d’Ahmed Chah Massoud dans sa vallée du Pandjchir, quand d’autres rapportent sporadiquement les « exploits » des nouveaux « mabouls de Kaboul » : interdiction des cerfs-volants, burqa obligatoire, lapidation des femmes adultères ou destruction des trois bouddhas géants de la vallée de Bâmiyân. Une étrange amnésie, tant l’islam fondamentaliste désormais au pouvoir en Afghanistan fut admiré, encouragé, et glorifié. « Le monde est fantastique. Leur âme se lit sur leur visage », se pâment les écrivains Pascal Bruckner et Guy Sorman ( le Figaro Magazine, 20 septanm 1986) à l’occasion d’un photoreportage sur les moudjahidines posant fièrement avec turbans noirs et kalachnikovs.
Ane sa a, anba je byenveyan CIA a - ki gen tèt, William Casey, feròs anti-kominis, otorize livrezon pi popilè misil Stinger ki pral tire plizyè douzèn elikoptè Sovyetik ak lakòz yon pwen vire nan lagè a -, jounalis ak lòt filozòf angaje yo toujou ap rasanble nan chemen lagè Afganestan yo, endiferan ak sò fanm yo, pwogresis yo, ate, tankou jou apre. Inyore lojistik Pakistani, Petrodollar Arabi kòm sipò politik Ameriken, telegraf ti Washington yo pèsiste nan dekri konbatan nan vye rad ak vye zam, pou kont li kont Armada Ris la.
Cette cause si ardemment défendue des moudjahidines afghans n’aura pas pour seule conséquence tragique la prise de Kaboul en 1996 par les talibans. Les supplétifs étrangers du mouvement, persuadés par la presse occidentale et son parrain américain d’avoir à eux seuls gagné la guerre, vont bientôt rentrer l’exporter dans leur propre pays, en particulier en Algérie. D’autres vétérans du djihad, à l’instar du Saoudien d’origine yéménite Oussama Ben Laden, expulsé du Soudan, se réfugient à leur tour en Afghanistan. Les « quelques excités islamistes », pour reprendre la formule de Brzezinski, te abandone pa patwone yo ak eksepsyon de Pakistan ak kèk franj nan fanmi wa Arabi Arabi, Sepandan, li pa pral lontan anvan yo sonje bon souvni Tonton Sam yo, e menm envolontè bay li kèk ti favè.
Nan moman atak yo 11 septanm 2001, neokonsèvatè nan La Mezon Blanch yo dezespere pou jwenn yon pretèks pou fè redeplwaman militè epi garanti sipremasi Etazini.. Bò demokratik, Brzezinski, pwochen konseye Barack Obama, kanpay pou yon politik agresif nan peyi l 'nan Azi Santral, alantou Lanmè Kaspyen an, pou pran kontwòl gwo rezèv gaz ak petwòl yo detekte nan ansyen repiblik Sovyetik yo. Aux frontières de l’Afghanistan.
Néanmoin les américains ont évidemment suréstimé leur force en entrant en Afghanistan. Le Washington Post a jeté une lumière encore plus crue sur les agissements des responsables américains avec la publication, la 9 décembre 2019, des « Afghanistan Papers » : plus de deux mille pages d’entretiens avec des acteurs directs, interrogés par le Bureau de l’inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (Sigar). Présidents, ministres et chefs d’état-major successifs ont délibérément menti à leurs concitoyens et au monde entier. Ni les objectives concrete, ni la volonté de construire le meilleur monde.
« Je n’ai aucune lisibilité ou visibilité sur qui sont les méchants. Nous sommes terriblement dépourvus de renseignements sur les personnes. », Donald Rumsfeld, ministre de la défense américain. Citation de 8 septanm 2003
« Nous n’avions aucune compréhension fondamentale de l’Afghanistan. Nous ne savions pas ce que nous faisions. Par exemple, sur l’économie. Nous devions établir un “marché florissant”. Nous aurions dû spécifier : car c’est la seule partie qui fonctionne. C’est vraiment bien pire que vous ne le pensez. Il y a un manque fondamental de compréhension au départ, avec des objectifs trop ambitieux, une dépendance excessive à l’égard de l’armée et un manque d’évaluation des ressources nécessaires. », Lieutenant général Douglas Lute, conseiller adjoint à la sécurité nationale pour l’Afghanistan et l’Irak de M. George W. Bush et de M. Barack Obama, puis représentant des États-Unis à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord.
Il est vrais que l’économie de la drogue, qui s’est développée pour aujourd’hui générer environ , un montant qui représente 10 % du PIB national. L’Afghanistan, où les talibans avaient éradiqué en 2001 le pavot ( la production avait alors chuté de 90%.), est redevenu la principale source de l’héroïne mondiale tout . L’héroïne écoulée sur le marché américain vient essentiellement du Mexique, alors que c’est la drogue produite et raffinée en Afghanistan qui fait des ravages en Europe. Cette moindre vulnérabilité des Etats-Unis à la menace des stupéfiants afghans fait que le discours de « guerre à la drogue », en vogue durant les deux mandats de George W. Bush, est abandonné en Afghanistan par Barack Obama. En revanche, l’insurrection des talibans est caricaturée en « narco-guérilla », comme si elle était la cause principale de la production de drogue dans le pays. Les talibans peuvent-ils se passer de la manne de la drogue qui les a financés?
Le 17 août 2021, le Pentagone publie un rapport de 122 pages élaboré par le Sigar, qui dresse un bilan de ces vingt ans de guerre :
« Le gouvernement américain a maladroitement imposé des modèles technocratiques occidentaux aux institutions économiques afghanes. Il a entraîné les forces de sécurité au moyen de systèmes d’armes avancés qu’elles ne pouvaient pas comprendre, et encore moins entretenir. Il a imposé un modèle de droit formel à un pays qui réglait 80 à 90 % de ses différends de façon informelle. Il n’est que rarement parvenu à comprendre, et donc à vaincre, les obstacles culturels et sociaux à l’émancipation des femmes et des filles. Privés de ces connaissances de base, les responsables américains ont souvent délégué leur pouvoir à des agents qui s’en prenaient à la population ou qui détournaient l’aide américaine pour s’enrichir, devenir plus puissants ou soutenir leurs alliés. Le manque de connaissance intime des réalités locales signifiait que les projets destinés à atténuer les conflits les exacerbaient souvent, sans parler des cas où ils finissaient par financer les insurgés par inadvertance. »
Avec l’argent englouti par les États-Unis en vingt ans d’occupation de l’Afghanistan, on aurait pu offrir une voiture à chacun des 33 millions d’habitants de ce pays. En effet, selon les estimations de (équipe de spécialistes évaluant le coût des guerres), Washington te pase 2 313 milya dola (1 951 milya ero) Depi 2001. Swa 51 290 ero pou chak Afgan ! 2 313 milya dola, li se tou 120 ane nan GDP Afgan an (19,29 milya ero nan 2019).
Yon lagè koute yon bon bout tan. Lè nou gade an detay, nou wè sa 530 milya dola (450 milya ero) koresponn ak enterè sou dèt la deja kontrakte pou fè fas ak depans lagè a. Montan sa a pa enkli "peman enterè nan lavni sou lajan prete", prévient Pwojè Depans Lagè yo. Pi grav, 296 milya dola (250 milya ero) yo te deja itilize nan swen pou veteran yo. Yon figi kondane pou grandi.
Pri imen an se pi gwo a. Etazini te pèdi 2 442 sòlda nan lagè Afganistan yo, men tou 3 936 kontraktè. Les armées afghane et pakistanaise ont payé le plus lourd tribut, avec entre 66 000 et 69 000 morts pour l’une et 9 314 pour la seconde. Ce conflit a fait, selon The Costs of War Project, pas moins de 241 000 victimes, en comptant tous les belligérants et victimes civiles.
Joe Biden avait promis qu’avec lui à la Maison-Blanche : « l’Amérique est de retour » sur la scène internationale. Depuis qu’elle est de retour à la maison, avec le retrait des forces états-uniennes d’Afghanistan, et la prise de Kaboul par les talibans dimanche, le chef de l’État est sous le feu des critiques dans son pays. Certains parlementaires, tels le chef de la commission des Affaires étrangères du Sénat, le démocrate Bob Menendez, se sont plaints que "Administrasyon Biden an klèman pa konprann konsekans yon retrè rapid". Yo akize Joe Biden pou li pran ekipman militè pa Taliban yo. Yo te blame tou enkapasite pou evakye sitwayen ameriken ak Afgan ki te kolabore ak lame ameriken an byen vit.. Pou defans sèlman, Joe Biden kwè ke echèk soti nan feblès Afgan : depa prese prese Prezidan Ashraf Ghani, ki kite peyi a wikenn sa a, kite Kaboul tonbe nan men Taliban yo ; ak dezòd Lame Nasyonal Afgan an, ankò fò 300 000 gason, ki te pèmèt pwovens yo konkeri youn pa youn san yo pa goumen.
Depa prese soti Kaboul fache pi pre alye Washington yo. Nan Lond, gouvènman an pa kontan. E pandan en deba parlmanter, ansyen Premye Minis Britanik Teresa May te reyaji, Mèkredi : « Kisa sa di sou peyi nou an? ? Kisa sa di sou Òganizasyon Trete Nò Atlantik?, ke nou depann totalman sou yon desizyon inilateral soti nan Etazini ? »
Men, toujou rete yon pwoblèm ki soti nan retrè twoup ameriken yo soti nan Afganistan.. Refijye yo, ki pa akeyi an Ewòp. Inyon Ewopeyen an angaje nan "sipòte twazyèm peyi" kote Afgan yo rive? "pou ranfòse kapasite yo pou bay pwoteksyon". "Nou pa te wè arive enpòtan nan Afganestan nan peyi vwazen yo, men nou pa konnen sa ki pral rive nan yon semèn oswa yon mwa, epi nou dwe prepare pou diferan senaryo", di Komisyonè Ewopeyen an pou Afè Enteryè, Ylva Johansson. Nasyonzini espere yon demi milyon refijye Afgan an nan fen ane a. Minis enteryè Ewopeyen yo prefere ke Afgan yo "rete tou pre lakay yo ak kilti yo". Sa yo se pawòl Horst Seehofer, Minis enteryè yon Chanselye Angela Merkel, ki definitivman vire do l 'sou politik louvri Almay la pandan kriz refijye moun lavil Aram nan 2015.
Komisyonè Ewopeyen an Ylva Johansson pa fè okenn sekrè : Ewopeyen yo konte sou modèl Tik la. Rejim Recep Tayyip Erdogan a sibvansyone pa plizyè santèn milya dola pa ane pou sèvi kòm gadyen Vennsèt la.. Komisyon an ta dwe prezante yon plan pou ede Pakistan ak Tajikistan fè menm travay la. Atitid sa a imilye òganizasyon dwa moun, di Amnisti Entènasyonal, ki envite nou pa « transfè responsablite pou pwoteksyon refijye yo bay twazyèm peyi yo".
La guerre américaine en Afghanistan a duré 20 ans, la plus longue guerre de l’histoire américaine. Désormais, les troupes étatsunien sont partis, après que le président Joe Biden se soit engagé à faire quitter toutes les forces américaines avant le 11 septanm. Les Taliban ont pris triomphalement Kaboul. Les États-Unis ont indiqué qu’ils “travailleront” avec les islamistes s’ils tiennent leurs engagements.


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